Parmi les 4 jours passés en Bourgogne à l’occasion de la Saint-Vincent Tournante, il me plait d’épingler notre visite dans un de ces lieux, inoubliable, chargé d’histoire et emprunt de respect pour le métier de vigneron. Situé en plein coeur du magnifique village de Vosne-Romanée, le domaine de Bernard Gros ne pouvait pas mieux se situer… Rue des Grands Crus ! 

Avant de visiter le caveau et de déguster sa production, au détour des petits chemins menant aux vignobles, une croix… Je la photographie, ignorant encore que, à quelques pas derrière ce muret se présentent à moi les terres mythiques de la Romanée-Conti. 

Nous faisons demi-tour et connaissance avec l’homme, avec ce vigneron qui a grandi avec un sécateur et qui peut être fier de ce qu’il nous fait goûter. On s’attendait à descendre dans un caveau comme il y en a tant d’autres, froids, humides et sombres, lieu d’élevage traditionnel à la sauce touristique dont certains négociants de Beaune ont le secret… Et ben non ! On arrive dans un caveau splendide, lumineux et tempéré alliant avec panache le côté rustique du terroir avec le dépouillement de la modernité artistique. Il y règne donc une hydrométrie régulée et une température idéale (18°C) pour la dégustation des rouges.

La faille, dans laquelle ses vignes plongent leurs racines à une centaine de mètres de là, est visible et sablée comme l’ensemble des pierres du caveau. 

Au sol, des dalles (sur plots) en verre et en métal permettent une bonne ventilation, un éclairage programmable dernier cri (LED…) et une acoustique à la hauteur de l’artiste. En effet, chaque dalle métallique est, en son verso, recouverte de mousse isolante brisant ainsi la réverbération naturelle. Pourquoi donc me direz-vous ?

Pour la simple bonne raison que notre vigneron ne se contente pas de faire du pinard mais il s’octroie le luxe de se servir d’un piano Steinway de concert comme table de dégustation… et de nous jouer (et d’inviter à jouer quiconque le désire), un p’tit air entre la robe, le nez et la bouche !  

La magie s’opère chez tout à chacun qui dispose d’une fibre artistique à la mesure de sa dévotion pour la vigne. 

La dégustation commence par sa gamme de rouges suivie d’un rosé et d’un blanc car, comme le dit Bernard avec raison : blanc sur rouge, rien ne bouge ; rouge sur blanc, tout fout le camp… !

Sans entrer dans les détails de la dégustation, son Vosne-Romanée communal et ses Grands Crus sont d’une élégance rare, fins et complexes. Impossible de sortir de là sans céder à la tentation de repartir avec dans son coffre, une caisse du divin breuvage, encore épargné par la spéculation dont « souffre » son voisin direct précédemment nommé… 

Ceci étant, les photos présentes dans cet article sont les témoins de deux visites. La première en 2011, l’autre en 2018.
La quille de Vosne-Romanée (appellation communale) est passée de 26 à 34€, ce qui n’est pas encore excessif !

De le citer une dernière fois avant de refermer la porte du caveau auréolée de led bleues : la Bourgogne se compose de deux types de vignerons, ceux qui font du vin avec de l’argent et ceux qui tente de faire un peu d’argent avec du vin… 

Une phrase qui sans doute ressort à chaque visite, entre deux notes de Steinway, mais qui elle raisonne, raisonne, raisonne…